Souveraineté-alimentaire-Bulletin-Jan2010

Cerium - Université Montréal

La Coalition pour la souveraineté alimentaire milite pour l’adoption de mesures publiques favorables à un système alimentaire durable, équitable et universel. Si dans les pays du sud la politique du « laisser faire par les forces du marché » génère de la faim à grande échelle  (1 milliard de personnes en 2009 selon l’Organisation internationale de l’alimentation (FAO), elle crée des problèmes de surpoids et d’obésité au nord et dans les pays émergeants. Dans ce contexte d’occidentalisation des habitudes alimentaires, les mesures publiques concernant le lien fort entre la santé publique et l’offre alimentaire sont donc incontournables.

En marge du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire de la FAO (Rome, du 16 au 18 novembre), la Coalition pour la souveraineté alimentaire a pris part au Forum des peuples pour la souveraineté alimentaire, aux côtés de plus de 400 autres organisations nationales ou internationales de la société civile et des 896 personnes inscrites pour l’occasion. La faim qui sévit et s’aggrave malgré l’engagement politique des États du monde de la réduire de moitié d’ici 2015, tel que formulé en 1996 à un autre sommet de la FAO (Objectifs de développement du Millénaires), offre une toile de fond accablante à la tenue de l’événement. Les objectifs de tels forums sont d’assurer la participation des organisations de la société civile, de veiller à la réalisation des engagements des gouvernements et des organisations onusiennes à l’égard de l’éradication de la faim, du droit à l’alimentation et de la souveraineté alimentaire, de renforcer les alliances et d’assurer une compréhension commune des causes de la crise alimentaire et des solutions et priorités à mettre en oeuvre. Cette activité a constitué pour notre coalition une première expérience internationale. À cette occasion, nous avons fait connaître notre coalition, sa nature, sa mission et ses cibles et avons pu faire la rencontre d’autres organisations qui militent pour la souveraineté alimentaire. Organisé par l’International Planning Committee for Food Sovereignty (IPC) sur les plans organisationnel et logistique, les préparatifs et la réalisation du forum ont été pilotés par un comité directeur composé de plusieurs organisations internationales et italiennes des mouvements agricoles, de pêcheurs, de travailleurs agricoles, environnementaux, de droits humains, d’urbains pauvres ou de recherche et représentation. En ateliers de travail, les groupes présents (Jeunes, Femmes, Indigènes, ONG) se sont penchés sur les thèmes chers aux organisations de la société civile : les alliances, la gouvernance mondiale et nationale des systèmes alimentaires, le contrôle des ressources utiles à la production des aliments comme la terre, l’eau, le patrimoine génétique animal et végétal, et celui des rapports urbains et ruraux, à l’heure où la moitié des citoyens du monde seront sous peu des citadins qu’il faudra alimenter.

Toutes ces questions ont été débattues dans l’optique du respect du droit fondamental à l’alimentation.

C’est d’ailleurs le Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, le professeur Olivier De Schutter, qui a été le premier à intervenir en plénière le vendredi 13 novembre. Monsieur De Schutter a exposé son point de vue sur son rôle de rapporteur en lien avec les organisations de la société civile. Il a fortement interpelé celle-ci en réaffirmant avec force la grande importance qu’il lui accorde car elle l’alimente dans son travail de rapporteur des violations au droit à l’alimentation. Pour lui, la société civile permet d’être informé régulièrement des contraventions au droit à l’alimentation mais aussi des solutions qu’elle met de l’avant et qui requièrent l’intervention publique. Le professeur De Schutter a aussi fait état des rapports qu’il a déposés et présentés à ce jour au sein des instances onusiennes sur les questions de commerce (OMC), de biodiversité (semences en particulier) ou sur la question de l’achat ou de la location des terres à l’échelle internationale. Le rapporteur a également présenté un aperçu des travaux de la FAO sur la réforme du Comité sur la Sécurité alimentaire (CSA), réforme qui prévoit la participation de la société civile. Le rapporteur pense beaucoup de bien de cette réforme, même si elle a été très longue à venir et s’il reste encore beaucoup de travail à faire. Entre autres, le CSA devra produire une sorte de cadre stratégique mondial pour faire face à la faim. Ce cadre stratégique engagera éventuellement les gouvernements à œuvrer dans le sens des principes directeurs qui y seront énoncés et convenus. Monsieur De Schutter a aussi rapidement présenté les sujets qui retiendront son attention d’ici à 2011.

Saviez-vous que 40 millions d’hectares de terre d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et d’Europe de l’est ont été achetées par des entreprises pour y faire des cultures d’exportation ?

Jacques Diouf, directeur général de la FAO

Le lendemain, c’est le directeur général de la FAO qui a débuté la journée en informant les ONG qu’il avait entamé une grève de la faim cette semaine en solidarité avec le milliard de personnes affamées. Il a présenté et qualifié d’insupportables les statistiques sur la faim. Il a aussi questionné sévèrement le fait que la communauté internationale ait trouvé en quelques semaines plusieurs centaines de milliards de dollars pour sauver les banques et l’économie alors qu’il en faudrait 44 pour éradiquer la faim et la pauvreté. Si l’enfant qui meurt à toutes les 6 secondes était un occidental ou l’un des nôtres, jamais nous n’accepterions cette situation, a-t-il rajouté. Il a donné l’exemple des sommes investies dans l’exploration spatiale comme grand paradoxe de notre ère. Il a interpellé les ONG réunies à ce forum afin qu’elles revendiquent fortement un autre système alimentaire. Au rythme où évoluent les résultats sur la faim, il a déploré que l’objectif de réduction de 50 % de la faim ne sera pas atteint avant 2100. Enfin, il a terminé son propos en soulignant que la faim n’est rien d’autre qu’un problème politique et non technique.

Des alliances

Le coordonnateur à la souveraineté alimentaire a profité de ce Forum des peuples pour présenter la Coalition pour la souveraineté alimentaire, ses sources, le contexte dans lequel elle a été créée, les motivations dernière sa création, son mode d’action et ses revendications. Plusieurs autres personnes ont également présenté les alliances dans lesquelles elles ont engagé des ressources. De nombreux contacts ont pu être établis avec les représentants de nombreuses organisations ainsi que le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter et son équipe. D’autres organisations canadiennes étaient également présentes et des échanges ont eu lieu avec leurs représentants.

Une déclaration finale aux allures de bien commun

Au terme du Forum, les organisations ont convenu d’un texte qui a été livré aux représentants des États du monde réunis pour le Sommet mondial de la sécurité alimentaire. En voici quelques extraits :

« Nous, 642 personnes venant de 93 pays et représentant 450 organisations de paysans et agriculteurs familiaux, de petits pêcheurs, de pastoralistes, des peuples autochtones, de jeunes, de femmes, d’urbains, d’ouvriers agricoles, d’ONG locales & internationales et d’autres acteurs sociaux, nous sommes réunis à Rome du 13 au 17 novembre 2009, unis par notre détermination à oeuvrer pour revendiquer la Souveraineté alimentaire au moment où le nombre croissant des personnes souffrant de la faim a atteint le seuil du milliard de personnes. La Souveraineté alimentaire est la solution efficace à la tragédie de la faim dans notre monde. Les États doivent respecter, protéger et satisfaire le droit à l’alimentation en tant que droit à disposer d’aliments adéquats, disponibles, accessibles, culturellement acceptables et nutritifs. Nous déclarons notre soutien au nouveau Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale, en insistant sur l’engagement pris par les chefs d’États présents au Sommet de la FAO vis-à-vis de cette instance dans leur déclaration. Nous affirmons que le droit à l’alimentation forme la référence centrale qui doit guider tous les éléments du travail du Comité de la sécurité alimentaire.

Les gouvernements doivent protéger leurs marchés internes. Nos pratiques requièrent des politiques de gestion de l’offre afin d’assurer la disponibilité des aliments et de garantir des revenus décents et des prix justes. Nous sommes disposés à discuter des nouvelles dispositions juridiques pour encadrer nos pratiques. Nous nous engageons à raccourcir les distances entre producteurs et citoyens.

L’accaparement des terres par des capitaux transnationaux doit cesser. Le problème des sans-terres et de l’accaparement des terres s’est intensifié suite à la crise alimentaire mondiale et la déforestation. Nous exigeons des réformes agraires globales qui respectent les droits individuels et collectifs/communautaires à l’accès et à la maîtrise des territoires.

Nous demandons la Souveraineté Alimentaire maintenant!

La présence de notre coalition à ce forum international s’est avéré un choix des plus judicieux. Des réseaux internationaux importants militant pour la souveraineté alimentaire savent maintenant que le Canada se mobilise pour la souveraineté alimentaire. Et nous y revenons de notre côté avec la connaissance de nombreuses personnes et organisations dont le point de vue s’accorde au nôtre.


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